Municipales 2020 à Bordeaux, les candidats sur la ligne de départ

Publié le 31 Août 2019

En politique, le lendemain d'une élection on commence la campagne de la suivante. Ce n'est pas toujours le cas pour les municipales en raison de la difficulté de fédérer ses propres troupes, d'éliminer ses potentiels adversaires au sein de son propre parti et de négocier les alliances avec ses amis (et parfois ses ennemis).

A quelques mois des élections municipales de 2020 et à l'occasion de la rentrée politique de Nicolas Florian, maire de Bordeaux, un certain nombre de candidats, déclarés ou presque, se sentent obligés de réagir et de proposer leurs idées et leurs candidatures aux bordelais.

A mon avis, août est un mauvais choix parce que certains bordelais sont encore en vacances et d'autres ont la tête dans les listes des fournitures scolaires de leurs gamins. Le deuxième week-end de septembre est certainement le moment idéal pour faire sa déclaration d'amour aux électeurs de mars prochain.

Après la conférence de presse du maire de Bordeaux, qui soit dit en passant n'était pas très intéressante, les aspirants maires sont sortis de leur villégiature estivale pour faire leurs propositions pour la ville de Bordeaux.

Ainsi, le parisien originaire de Bordeaux, Thomas Cazenave (LREM), qui ne vit plus à Bordeaux depuis 1998, énarque de formation et délégué interministériel à la transformation publique, placé sous l'autorité du Premier ministre, Edouard Philippe, a été le premier à faire sa déclaration de candidature, certainement avec l'aval du premier ministre et peut-être un peu avec celui d'Alain Juppé.

Cette candidature du candidat LREM est une tentative du parti présidentiel de mettre la main sur les grandes villes, avec des alliances locales ou nationales, avec de trahisons, seule la volonté de s'ancrer au niveau local compte pour ce parti qui n'a jamais présenté un candidat aux municipales. Bien entendu, c'est aussi une tentative d'augmenter le nombre de grands électeurs qui, le moment venu, auront à élire les sénateurs.

Alors, pour ratisser large et au vu des résultats des dernières européennes, Thomas Cazenave est plus vert que le géant vert de la pub ou l'imitateur de la mascotte Cetelem.

Prêt à mettre de la verdure partout, des quais de Bacalan au boulevards, il affirme que "Bordeaux doit devenir la ville verte à visiter" et tout cela "sans augmenter les impôts". Il souhaite aussi aménager et végétaliser la place des Quinconces en oubliant qu'il se mettra à dos les forains de la foire aux plaisirs et autres brocanteurs qui verraient très mal le déplacement de leurs activités loin du centre ville. A force de végétaliser il provoquera certainement une blocage de la ville par les camions des forains.

Si l'idée de végétaliser la ville est bonne étant donné que les choix par le passé ont été du minéral, il oublie qu'avant tout une ville doit être aménagée pour ses habitants, pour qu'ils s'y sentent bien et qu'ils y vivent.

Nous ne voulons pas d'une" écologie souriante", comme dirait Edouard Philippe, mais d'une écologie sérieuse, faite avec et pour les habitants, afin de vivre dans une ville moderne mais capable de mener à bien les défis environnementaux qui permettront aux générations futures de vivre heureuses.

Autre candidat potentiel, s'il arrive à convaincre ou à éliminer certains de ses "amis", Matthieu Rouveyre, le conseiller municipal et vice-président du conseil départemental, avance aussi ses idées dans la perspective d'une candidature et ainsi prendre de l'avance sur les potentiels candidats de son parti.

Lui aussi veut s'attaquer à la place des Quinconces en y installant une ferme géante et bio afin de valoriser les produits en circuit court et sensibiliser la population aux questions environnementales. 

L'autre idée de Matthieu Rouveyre, la construction d'une piscine sur la Garonne, en plein air, afin de pallier le manque d'équipements sportifs dans la ville. 

Idée de génie, sortie tout droit du cerveau de Matthieu Rouveyre mais qui, si elle se réalise, sera financée par le contribuable bordelais. Une piscine qui sera fonctionnelle uniquement en été mais qu'il faudra entretenir et protéger toute l'année d'autant plus que la Garonne n'est pas un long fleuve tranquille. A moins que tout cela ne soit financé par le Conseil Départemental puisque, après tout, comme le miroir d'eau, il risque d'être fréquenté par des habitants extérieurs à Bordeaux.

Ou alors, pour Thomas Cazenave comme pour Matthieu Rouveyre (PS), il s'agit uniquement d'une opération de récupération des 21,54 % de votes de l'électorat EELV aux européennes.

Mais il y a aussi un candidat vert, estampillé depuis des années et qui s'est toujours battu pour les questions d'écologie. C'est Pierre Hurmic, le chef de file des verts au conseil municipal.

Pierre Hurmic (EELV) veut une ville qui s'adapte au réchauffement climatique, une ville qui lutte contre les injustices sociales et environnementales dont sont victimes les plus vulnérables, une ville qui respecte la diversité, une ville qui lutte contre les pollutions et qui régule le marché immobilier tout en orientant l'économie vers l'innovation sociale et solidaire.

Pour sa part, le maire sortant, Nicolas Florian, semble avoir un peu de mal à imposer son style de la continuité de la politique d'Alain Juppé mais avec cette nécessité d'imposer sa vision d'une politique de proximité. 

La proximité, le mobilité et le logement seront les priorités qu'il entend mener lors de la prochaine mandature en particulier la réhabilitation de la ceinture ferroviaire afin de décongestionner la rocade tout en ayant une logique de déplacements doux intra-boulevards.

Et puis il y en aura d'autres, certains sérieux, d'autres plus folkloriques.

Pour ma part, je ne suis pas candidat mais j'ai quelques idées que j'autorise à récupérer à ceux qui en manquent.

Une ville doit être aménagée pour les gens qui y habitent même si je n'ai rien contre les touristes. Alors, oui, mille fois oui à une végétalisation de certains quartiers de la ville, à l'installation de points d'eau dignes de ce nom, oui à la construction d'une piscine couverte dans le quartier de Bordeaux sud (le seul qui en est dépourvu), oui à l'aménagement de pistes cyclables (il faut dire que c'est une belle pagaille actuellement avec parfois des cyclistes à contre-sens dans les rues), oui à la réorganisation des services publics et en particulier les mairies de quartier. 

Toujours dans cette logique, il est urgent de faire les réparations des chaussées dans certains quartiers (par exemple les trottoirs du haut du cours de la Marne), tout comme redynamiser le commerce dans certains quartiers en y affectant les fonds FISAC mais aussi en instaurant une taxe municipale pour les logements et les locaux commerciaux vides depuis plusieurs mois. Le location des logement vides tout comme l'installation de nouveaux commerçants va non seulement apporter de la vie dans les quartiers mais aussi créer des emplois et permettre de lutter contre les friches commerciales dans certaines rues.

Pour ce qui est de la circulation, je crois que tous les bordelais seront d'accord pour une réglementation de la circulation sur la rocade bordelaise avec une interdiction de rouler pour les poids lourds à certaines heures de la journée ou la création d'une taxe en fonction des heures de passage en attendant un éventuel grand contournement ou la mise en circulation de la ceinture ferroviaire tant désirée par certains élus.

Mais il y a aussi des zones d'activités économiques comme sur Cestas (CDiscount, Carrefour, Leclerc, La Poste, Pot au Pin et j'en passe) qui ne sont pas desservies par les transports en commun, qui génèrent un important trafic vu le nombre de salariés mais qui sont inaccessibles aux personnes n'ayant pas de véhicule qui pour cause ne peuvent pas postuler aux nombreux emplois dans ces secteurs malgré l'offre importante d'embauches. Dans ce cas précis, parce que Cestas ne fait pas partie de la Métropole. Aux politiques de passer outre ces barrages administratifs et de mettre en place les moyens de transport facilitant l'emploi des chômeurs et très souvent des jeunes.

Dans les programmes des candidats j'aimerais aussi qu'on parle de santé sociale, élément indispensable de bien être pour chacun d'entre nous. La santé sociale est un ensemble de facteurs comme l'emploi, le logement, l'éducation, l'accès à la santé, les loisirs, etc, qui permettent à chacun de se sentir bien dans la société et de s'assumer pleinement. 

Et puisque tout le monde veut se mettre à l'agriculture, il serait intéressant de remettre au goût du jour les jardins ouvriers, tellement utiles aux familles en temps de crise mais aussi une véritable vitrine de l'écologie, solidaire, saine et utile.

Les compétences municipales étant beaucoup plus nombreuses (social, culture, urbanisme, éducation, etc), j'aurai l'occasion de revenir sur chacun de ces sujets avant mars 2020.

Pour terminer, je vous rappelle que, si vous voulez voter en mars 2020, il faut vous inscrire sur les listes électorales avant le 31 décembre 2019. N'attendez pas la dernière minute, le temps passe vite.

Rédigé par Mouette Rieuse

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