Politiques et immigration

Comme vous avez pu le constater, l'immigration est devenue au fil des années un sujet de prédilection pour certains politiques ainsi que pour les médias. Vous remarquerez que, contrairement à beaucoup de journalistes et élus, je n'ai pas dit des français.

En effet, les français ont d'autres soucis, comme les fins de mois difficiles, le chômage, l'avenir de leurs enfants ou leurs retraites. Si les classes les plus défavorisées votent extrême-droite c'est bien plus à cause du bourrage de crânes fait par les médias qu'autre chose. 

Regardez dans les petits villages de quelques centaines d'habitants où les gens votent pour des partis comme le rassemblement national alors qu'ils n'ont jamais vu un immigré sur le territoire de leur commune. Mais les immigrés ils les voient à la télé. Ceux de Calais qui essaient par tous les moyens de monter dans des camions pour quitter la France, les images en boucle des roms qui font la manche ou qui volent les touristes à Paris et tous ces noirs et autres bronzés qu'on a parqué dans des cités de banlieue et qui ne sont même pas arrivés par boat-people.

L'histoire de l'immigration devrait nous faire comprendre que celle-ci est plutôt une chance pour le pays d'accueil. Les italiens, espagnols, portugais ou maghrébins ont permis à la France de se reconstruire, ils ont été une plus-value économique et beaucoup d'entre eux sont aujourd'hui agriculteurs, entrepreneurs dans le bâtiment ou commerçants. Qui, tard le soir, n'a jamais été faire quelques courses chez l'arabe du coin ?

Parce que les politiques ont bien compris que si on occupe les français en parlant d'immigration et en la présentant comme un problème, alors les français feraient un peu moins attention à leurs propres inquiétudes et ils pourraient mener des politiques qui ne bénéficient qu'à quelques uns et en particulier aux plus aisés.

Alors on expulse, on enferme dans les centres de rétention, on vote des lois inhumaines sans tenir compte de la souffrance et parfois du danger où se trouvent certains immigrés.

Il me semble qu'il est urgent de commencer à réfléchir à une politique d'intégration plutôt qu'à une politique de répression et d'expulsion. L'Allemagne, en accueillant un nombre important de réfugiés a vu les bénéfices pour son économie avec un apport de main d'oeuvre souvent qualifiée et les retombées positives sur la consommation.

Alors, au lieux d'expulser, les préfets qui, je vous le rappelle, sont les représentants de l'état, devraient mettre en place des dispositifs d'accueil avec un diagnostic social fait par plusieurs intervenants afin d'avoir des avis croisés et permettre une meilleure orientation de chaque individu.

Ces diagnostics sont le début d'un processus d'intégration qui, selon les cas, peut demander plusieurs étapes. Apprentissage du français, formation professionnelle, parcours de soins, scolarisation ou accès direct au monde du travail et en particulier dans les secteurs où le manque de main d'oeuvre se fait sentir.

Aujourd'hui, et je le constate dans les vignobles du bordelais, beaucoup d'immigrés effectuent des travaux que les français ne veulent pas faire en raison de la pénibilité et des bas salaires. Ils permettent aux grands crus de Bordeaux d'effectuer les travaux de la vigne qu'ils auraient bien du mal à effectuer sans eux. Malheureusement, les réseaux mafieux profitent de cette situation pour exploiter ces gens prêts à tous les sacrifices pour gagner leur vie.

Lors des expulsions certains élus s'agitent, souvent sous la pression des associations, mais une fois la vague médiatique passée plus rien ne se passe.

Un jour, une élue du Conseil Régional d'Aquitaine à qui je demandais de mettre en place une politique efficace de formation professionnelle pour les roms m'a dit que si elle ratait cette étape elle considérait qu'elle ratait son mandat. Elle a raté son mandat.

Tout ça pour vous dire que pour mener à bien une politique d'intégration il est nécessaire de connaître le sujet et que quand on ne connaît pas il faut demander l'avis de ceux qui sont au plus près de ces populations. Les décisions se prennent souvent dans un bureau ou une salle de réunion mais l'avis des associatifs, des médiateurs, des élus proches des acteurs de terrain et surtout des immigrés eux-mêmes n'est presque jamais pris en compte.

J'ai eu l'occasion d'assister à des réunions en préfecture où se décidait du sort de certains roms afin d'intégrer un dispositif MOUS (Maîtrise d'Oeuvre Urbaine et Sociale) et ainsi bénéficier d'un accompagnement vers l'emploi et le logement. Et devinez qui décidait qui entrait ou pas dans ce dispositif ?

La police ! Oui vous ne rêvez pas. Je vous expliquerai ça une autre fois.

Les immigrés ne viennent pas en France pour le plaisir de quitter leur famille et se retrouver dans des squats ou des bidonvilles avec des conditions de vie déplorables. Ce sont juste des hommes et des femmes qui aspirent à une vie meilleure. Si le pays dont ils rêvaient ne leur donne pas l'opportunité d'avoir une vie meilleure ils rentrent alors dans la petite délinquance et je crois que cela arrange bien les politiques qui jouent sur la peur des français pour faire oublier leur politique souvent désastreuse pour le peuple.

S'ils mettaient en place une politique efficace d'intégration tout le monde sortirait gagnant et les français seraient fiers d'être encore le grand peuple et le grand pays qui a su accueillir des millions d'immigrés qui ont contribué à la prospérité de la France.

Parce que la France a une histoire, une tradition d'accueil et une mémoire (parfois défaillante), elle devrait être fière d'accueillir ceux qui souffrent comme elle a accueilli ceux qui ont contribué à sa reconstruction économique d'après guerre.

Tout cela est une volonté politique. Une volonté d'intégration qui manque parce qu'il est plus facile de jouer sur les peurs que d'avoir le courage de dire que les immigrés peuvent être une chance pour la France et son économie.