Un jour quelqu'un m'a dit...
Publié le 11 Septembre 2008
Cette histoire date de plusieurs mois. Mais elle ressurgit dans ma mémoire suite à mon précédent billet.
Ayant rencontré des amis socialistes au restaurant "Le Cochon Volant" dans le quartier des Capucins, la conversation s'est engagée sur la politique.
Nous parlons de tout et n'importe quoi comme on peut le faire lorsqu'il y a un peu de monde. Mais la réflexion faite par l'un des convives, était pertinente et réaliste.
Nous avons parlé de ma collaboration avec Michèle Delaunay et le fait qu'elle m'ait pris comme assistant. Je n'avais pas posé ma candidature pour ce poste et je n'ai pas envoyé de CV contrairement à 120 autres personnes.
En parlant de tout cela, mon ami m'a dit : "en t'embauchant, j'ai pensé qu'elle n'était pas comme les autres" tout en enchaînant "mais maintenant je sais que cela ne pouvait pas être autrement. Tu n'es pas de leur monde !"
Par cette phrase, il avait tout dit. En politique, il y a plusieurs mondes. Et quand on vous ouvre la porte d'un de ces mondes, vous devez respecter les règles sous peine d'être expulsé vers votre monde. Comme on le fait aux immigrés.
Avec moi, cela tombait bien. Je suis immigré. Fils de maçon et de femme de ménage ayant travaillé dur pour nourrir leur famille, ils n'ont pas eu les moyens de nous faire faire de hautes études. Mais ils ont toujours été dignes et courageux.
Quand j'étais jeune, j'avais un peu honte de la profession de mes parents. Aujourd'hui, j'en suis fier. Je suis fier d'être issu de ce monde d'ouvriers que les grands méprisent. Je suis fier d'être un immigré qui milite depuis de nombreuses années pour différentes causes dans un pays qui a oublié les valeurs qui ont fait sa grandeur.
Je suis fier d'être un des peu nombreux militants socialistes qui ne sont pas issus du moule. Et qui a gardé sa liberté de parole. Même si cela dérange. Je suis fier aussi d'être fabiusien. Et je vous expliquerai bientôt pourquoi.
Vous verrez que je ne suis pas un fabiusien modèle ou même un fabiusien qui fait partie d'un clan.
Alors, cela ne me dérange pas qu'on ne m'estime pas parce que je ne suis pas de leur monde. Je préfère qu'on me déteste parce que c'est plus sain. Parce que dans ce cas mes combats ou mes prises de position ne sont pas inutiles.
Certains pensent que je ne suis pas socialiste. Franchement, je ne sais plus. Je me pose la question très souvent. Il est vrai que je suis plus proche de la LCR que du Modem. Mais c'est quoi être socialiste aujourd'hui ? Ne sommes-nous pas à des années lumière de Blum, Mendès-France ou Jaurès ?
La déclaration de principes et les statuts du parti socialiste ont été modifiés il y a peu de temps. Deux textes soumis au vote des militants mais préparés par les dirigeants. Cela m'a étonné un peu.
Alors, pour la catégorie du monde où je vis, cela m'importe peu. Je préfère les gens du peuple, ceux que certains politiques appellent "les vrais gens", je me sens bien avec eux, plus francs, qui vous disent les vérités en face et qui paient les salaires de tous ces grands des autres mondes.
Franchement, je crois que je ne me suis pas trompé de monde.