Un caddie plein de souffrance

Publié le 20 Mars 2009

Cela fait des années que je connais cette femme qui pousse son caddie de supermarché chargé de cagettes en bois qu'elle récupère sur les marchés ou devant les magasins qui vendent des fruits et légumes.

Parfois, je la vois avec un homme, dans un fourgon. Il vend lui-même des fruits et légumes aux restaurants et aux sandwicheries.

Cette femme, d'origine étrangère, est arrivée avec son mari. Depuis, il semble qu'elle soit avec l'homme au fourgon.

En quelques années, son apparence physique s'est dégradée, elle a aujourd'hui l'air d'une petite vieille malgré sa quarantaine.

 

Vous vous demandez pourquoi je vous parle de cette femme. Juste parce que j'ai l'impression qu'elle est tenue en esclavage, obligée de tirer son caddie toute la journée, le regard vague, certainement mal nourrie. Son visage est toujours triste, je ne l'ai jamais vu sourire.

J'ai l'impression qu'elle attend que la mort la libère rapidement de cette situation où elle se trouve.

Chaque fois que je la vois, je me sens mal à l'aise devant la misère de cette femme. Comment lui venir en aide ? Pourquoi ne pas engager la conversation avec elle ?

Certainement parce que j'ai l'impression que je ne peux rien faire pour elle. Pourtant, je le sais, si je ne lui parle pas, c'est sûr que je ne ferai jamais rien pour l'aider.

En même temps, si moi je vois cette femme régulièrement, d'autres aussi doivent la voir. Citoyens, fonctionnaires, élus, forces de l'ordre, travailleurs sociaux, etc...

Pourquoi personne ne prend le temps de lui adresser quelques mots ?

Cette femme, rattrapée par la misère dans un pays où elle est venue chercher une vie meilleure, ne sera peut-être jamais vieille. Mais, si elle arrive à l'âge de la retraite, comment fera-t-elle alors qu'elle n'aura jamais cotisé et qu'elle n'aura plus de forces pour tirer son caddie ?

Déjà maintenant, j'ai l'impression que, dans son caddie, elle transporte tout le poids de la terre tellement elle a l'air de souffrir.

Que puis-je lui souhaiter à cette femme ? La mort serait certainement la meilleure chose qui pourrait lui arriver.

Rédigé par Mouette Rieuse

Publié dans #Solidarité

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F
La première aide que l'on pourrait lui donner c'est un simple sourire, un simple bonjour pour lui montrer qu'elle existe parmi nous. Car on peut aussi mouriir d'indifférence !<br /> Merci pour ce beau témoignage plein de sincérité et de doutes. Flo
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M
Petite précision, cette femme n'est pas rrom, ni roumaine, ni bulgare.<br /> Mais cela change quoi ?
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