Des jours et des emmerdes

Publié le 31 Octobre 2009

Les jours se suivent et les emmerdes se ressemblent, malgré les promesses des politiques.

Hier matin, une assistante sociale d'une grosse structure bordelaise me téléphone pour me faire part de la situation d'une famille rrom roumaine. Elle ne savait absolument pas quoi faire et avait entendu dire que je connaissais ce genre de situations.

En réalité, je n'avais jamais rencontré une situation comme cela et je ne peux pas faire grand chose sans moyens financiers. L'engagement militant coûte cher et mon association n'a jamais demandé de subvention aux pouvoirs publics pour pouvoir garder sa liberté de parole.

Cette famille, composée de cinq personnes, dont trois étaient en garde à vue pour séjour irrégulier, était pour moi un cas nouveau.

Ils avaient, comme beaucoup d'autres, porté leurs affaires de misère de squat en squat et pensaient avoir trouvé leur bonheur à la Cité des Fleurs, une cité située dans un terrain entre la voie ferrée et la route menant au pont Saint-Jean.

La SNCF ayant prévu de démolir la cité, ils ont été expulsés et logés à l'hôtel pendant quatre nuits par le Samu Social.

Ils se sont de nouveau retrouvés à la rue et se sont installés dans une baraque de chantier, complètement abandonnée, à l'arrière du Parc des Sports à Bordeaux.

Là encore, ils ont de nouveau été chassés pour s'installer à cinquante mètres plus loin, en bordure de Garonne, dans une cabane fabriquée avec quelques bouts de plastique.

Nouveau contrôle de police et garde à vue pour le chef de famille et ses deux fils. La femme se trouve seule sur le quai de la Garonne avec le grand-père et les bagages de la famille.

J'ai passé toute l'après-midi pour trouver une solution pour cette famille. J'ai sollicité avocats, élus, services de l'état, associations ou simples militants, certains plus à l'écoute que d'autres. Allez donc trouver une solution un vendredi après-midi...

Pourtant, une solution a été trouvée pour stocker les bagages jusqu'à mardi, un véhicule pour les transporter tout comme une solution pour les héberger pendant deux nuits.

Les gardés à vue ont été libérés mais sont convoqués ultérieurement pour que leur soit délivrée une OQTF (Obligation de Quitter le Territoire Français).

Mais cette affaire m'a permis de connaître une autre situation indigne. Un couple avec deux enfants, dont la femme de 47 ans, enceinte de sept mois et n'ayant jamais vu un médecin, vit elle aussi dans des conditions inacceptables à notre époque. Encore une cabane, construite quelque part là où ne va aucun bordelais.

La famille fait la manche à un feu, les enfants ne sont pas scolarisés, ce dont je vais m'occuper dans les jours qui viennent. J'ai alerté Médecins du Monde et la femme pourra subir un examen médical afin de vérifier si sa grossesse se passe bien.

Nous allons aussi faire en sorte que la femme puisse accoucher à l'hôpital et non pas, comme semble-t-il c'était prévu, dans notre jungle bordelaise. Oui, le couple n'avait pas envisagé l'accouchement à l'hôpital, n'ayant pas d'argent pour payer les frais.

Vous vous dites que je vous raconte des histoires à dormir debout. Comprenez que ce qui est évident pour nous ressemble parfois au parcours du combattant pour ceux qui ne connaissent pas la langue, les rouages administratifs ou, tout simplement, les droits sur le territoire français.

C'est pourquoi je préfère les nuits, elles se suivent et ne se ressemblent pas... 

Rédigé par Mouette Rieuse

Publié dans #Immigration

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T
<br /> Mon Dieu ....<br /> <br /> Remarquez, je connais bien une maison vide .. elle est bien construite, par de bons architectes internationaux .. les Kabokov ... et ce n'est pas loin de l'hôpital, quelle chance !!!<br /> <br /> <br />
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