La table ronde (2)

Publié le 3 Novembre 2010

Je ne sais pas sur quoi va déboucher cette table ronde mais j'espère que, pour une fois, il s'y prendra des décisions responsables, précises et dans l'intérêt des rroms mais aussi de la société française.

Parce que de s'occuper des rroms ne doit pas être une sorte d'engagement angélique, où tout le monde est beau, où tout le monde est gentil.

Je pense qu'il faut accompagner dans la démarche d'intégration les familles qui le souhaitent mais en mettant un place un contrat avec elles, où elles s'engagent à respecter ce qui est convenu entre les parties. Mais attention, l'intégration ne doit pas être une assimilation. Les rroms ont une culture, dont il faut tenir compte et respecter tout en les guidant sur des pratiques modernes.

Par exemple, l'abandon des mariages des jeunes filles dès l'âge de 13 ou 14 ans, la scolarisation obligatoire de ces mêmes jeunes filles, doivent faire partie de ce contrat social fait avec les familles. Ils font partie de mes combats depuis mon engagement auprès des rroms et je ne lâcherai pas sur ce sujet.

L'apprentissage de la langue doit aussi être pris en compte dans le processus d'accompagnement et doit être généralisé et non pas réservé à quelques personnes prises en charge dans le cadre de la MOUS.

Il faudra aussi envisager de développer l'apprentissage professionnel pour ces jeunes, souvent illettrés, n'ayant aucun sens de la discipline ou du respect d'un horaire. La tâche est difficile mais il faudra s'y engager.

Mais pour tout cela il faut aussi mettre un place un médiateur, qui connaisse cette population ainsi que les institutions. Le succès de toute entreprise passera par cette démarche.

Ce médiateur aura pour mission de repérer les familles en situation d'être prises en charge et accompagnées, il permettra de mettre fin à des activités douteuses, pourra empêcher l'arrivée de nouvelles personnes et orientera chacun dans ses démarches administratives. Il sera le lien entre les rroms et les pouvoirs publics, à condition d'avoir l'indépendance nécessaire pour mener à bien sa mission.

Pour ce qui est de l'emploi des rroms, il ne faut pas se voiler la face. Il sera difficile pour certains d'intégrer le monde du travail, en raison de leur âge, de leur état de santé et même du fait de ne pas maîtriser la langue française. Pour les femmes, souvent courageuses, l'obstacle sera aussi linguistique mais surtout "culturel" comme  pour leurs tenues vestimentaires.

Je pense que pour beaucoup de rroms on devrait envisager une installation en zone rurale, parce qu'ils ont déjà travaillé dans l'agriculture, mais aussi parce que la transition entre les deux cultures se ferait plus facilement. Il ne s'agit pas d'abandonner ces familles au fin fond de la campagne mais de mettre en place un accompagnement "soft" qui ne serait certainement pas possible en ville.

Et puis il y a le logement. Et c'est là qu'on se trompe. On commence par vouloir reloger tout le monde alors que l'intégration se fera par le travail. Le logement doit venir après les titres de séjour.

Loger les gens est certainement honorable car c'est leur donner des conditions de vie dignes mais les laisser travailler est leur donner les moyens de s'assumer et de se créer ces conditions de vie par eux-mêmes.

Mais comme tout cela ne peut se faire dans les mois qui viennent, il conviendrait que les pouvoirs publics soient plus clairs dans leurs engagements ou leurs décisions.

L'expulsion des lieux de vie, tout comme les retours humanitaires (qui n'ont rien d'humanitaire) ne serviront à rien si ce n'est qu'à déplacer cette population d'un squat à un autre, à déscolariser les enfants, à provoquer la rupture dans le parcours de santé et très souvent à augmenter les conditions de vie misérables.

Ayons le courage de distribuer des tires de séjour rapidement ce qui pourrait servir d'expérience nationale. Dans quelques mois faisons le point et nous serons surpris du taux de réussite. A titre d'exemple, j'ai accompagné hier dans ses démarches un rrom qui veut créer son entreprise. D'autres pourraient suivre son exemple et pourraient même embaucher leurs compatriotes.

Je pense aussi qu'il faut réfléchir à la prise en charge de ces personnes. Aujourd'hui, des personnes prises en charge par la MOUS se retrouvent sans couverture sociale alors qu'elle bénéficient d'un titre de séjour. C'est une anomalie qu'il faudra corriger rapidement avec les services de l'état. Il en est de même avec cette injustice qui est de ne pas bénéficier des allocations familiales lorsque les enfants suivent une scolarité régulière.

Et puis, pourquoi ne pas mettre en place des chantiers d'insertion pour les rroms qui pourraient participer à la rénovation de leurs appartements, ce qui non seulement les responsabiliserait mais permettrait aussi de faire un bilan de compétences professionnelles.

En attendant tout cela, il est aussi temps de permettre l'accès à l'eau dans tous les squats. Pour des raisons d'hygiène, de santé, de dignité et de respect de la condition humaine.

Pour terminer, je pense qu'il faut abandonner cette idée folle de vouloir les mettre dans des terrains, avec ou sans caravanes, car les rroms sont des sédentaires et cela fait belle lurette qu'ils n'utilisent plus la roulotte et les chevaux pour se déplacer.

Voilà, ce sont quelques idées comme ça, en vrac, qui pourraient servir à ceux qui ont du mal à en trouver.


Rédigé par Mouette Rieuse

Publié dans #Immigration

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