Parole d'Homme

Publié le 24 Janvier 2010

Les gens de mes montagnes sont comme les corses, des gens de caractère. De ce caractère, fait partie le respect de la parole donnée.

Alors, j'ai beaucoup de mal à comprendre quand les responsables de l'État ne respectent pas la leur. Je vous explique.

Le 17 octobre 2009, un début d'incendie, d'origine électrique, dans un squat de bulgares situé avenue Thiers à Bordeaux a provoqué l'évacuation du squat et la fermeture de celui-ci. Pendant plusieurs jours les bulgares ont été hébergés dans un gymnase voisin du squat pendant que la préfecture, la DDASS et la mairie de Bordeaux cherchaient une solution de relogement.

Le jeudi 22 octobre, ne sachant quoi faire de la soixantaine de personnes, les pouvoirs publics ont donné l'autorisation verbale pour qu'il ouvrent de nouveau le squat et qu'ils s'y installent. J'ai eu confirmation par téléphone de cette décision, d'une personne responsable à la mairie de Bordeaux qui elle-même a attendu le feu vert du cabinet du préfet de la Gironde.

Les autorités ont aussi informé qu'elles fermaient les yeux sur les branchements électriques sur le réseau EDF que les bulgares viendraient certainement à faire pour alimenter le squat en électricité.

D'octobre 2009 à janvier 2010, EDF a demandé à plusieurs reprises l'intervention e la police pour l'aider à couper l'électricité du squat. Je suis intervenu à plusieurs reprises pour informer les policiers que la décision avait été prise en préfecture pour que ces branchements "sauvages" puissent être effectués sans qu'il y ait de coupure ou de poursuites.

Dernièrement, l'argument de EDF était que les branchements du squat pouvaient occasionner l'arrêt du fonctionnement du tram qui passe devant l'immeuble ou que tout e quartier pourrait être plongé dans le noir. EDF n'a pas osé dire la vérité. Que son réseau souterrain était pourri, comme il l'est dans d'autres quartiers de la ville, où il n'y a pas de squats de rroms et où il y a eu des coupures importantes d'alimentation électrique. Ce fût le cas place Camille Julian, à la Victoire ou sur les quais où les travaux sont toujours en cours depuis plus de deux semaines.

Et puis il y a environ deux semaines, le courant a été complètement coupé aussi bien pour le squat que pour le gymnase Thiers, où les bulgares s'étaient branchés.

Plusieurs techniciens et responsables de la mairie de Bordeaux et de EDF sont venus sur place pour trouver une solution à ce problème. Une solution était recherchée et j'ai appris que EDF n'avait pas opté pour la plus simple mais demandait plus de 100 000 € pour installer une armoire électrique et assurer son alimentation en électricité depuis un transformateur situé très loin du squat alors qu'il y en a deux plus proches.

Jeudi dernier, les bulgares, après être restés plus d'une semaine sans électricité, se sont de nouveau branchés sur le réseau public, ayant l'assurance des pouvoirs publics de ne pas être poursuivis en justice.

C'était sans compter avec le zèle d'un employé de la SNCF qui, voyant des personnes avec des torches, a téléphoné à la police. La BAC est venue sur place ainsi que trois autres voitures et plusieurs bulgares ont été interpellés et placées en garde à vue pendant 23 heures.

Ils sont seulement sortis samedi soir malgré l'intervention des responsables de la mairie de Bordeaux et sont convoqués dans quelques mois pour "une composition pénale" ou "une mesure de réparation pénale" car ils sont poursuivis pour "tentative de vol d'énergie". Ils bénéficient cependant "d'une solution empreinte d'humanité". Ce sont du moins les propos rapportés par le journal Sud Ouest du dimanche 24/01/2010.

L'affaire ne restera pas là et dès demain je vais demander au directeur de cabinet du préfet, à la directrice de la DDASS et au maire de Bordeaux de respecter la parole qui a été donnée, à savoir de ne pas engager de poursuites contre les bulgares et les rroms en général qui vivent dans les squats lorsqu'ils se branchent sur le réseau EDF.

La parole vaut l'Homme ou l'Homme ne vaut rien.

Je vous invite aussi, si vous êtes disponibles, à nous rejoindre pour la manifestation des bulgares qui habitent dans les squats de l'agglomération bordelaise qui demandent de la part des autorités un peu de respect et l'arrêt de la pression policière car ce sont des êtres humains.

La manifestation aura lieu jeudi  28 janvier à partir de 8 heures, partira de l'avenue Thiers pour rejoindre la résidence du préfet, rue Vital Carles.

Rédigé par Mouette Rieuse

Publié dans #Immigration

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