Mort dans un squat de Bordeaux

Publié le 27 Novembre 2008

Ce que je craignais depuis longtemps est arrivé.

Cette nuit vers 4 heures du matin, un homme de 35 ans est mort dans un squat bordelais.

 

Ce matin, lorsque je suis arrivé sur place, environ 80 personnes étaient présentes pour soutenir la famille. Soutien moral, bien entendu, parce que pour le reste, ils me semblaient bien perdus.

 

Ils avaient fait venir la police et un médecin. Le corps avait été transporté à la morgue. Et ils attendaient les nouvelles. Et ils se posaient des questions. Beaucoup de questions et des réponses qui n'arrivent pas.

 

Comment s'organiser dans un pays étranger lorsqu'on parle mal la langue et que l'on ne connaît pas les rouages administratifs ?

 

Comment faire pour rapatrier le corps du défunt lorsqu'on n'a pas d'argent ? D'autres communautés sont organisées pour ce type de situations. Mais les roms, vivant de la mendicité, ayant pour priorité de se nourrir, comment peuvent-ils envisager de créer un fonds pour ces urgences ?

 

Comment payer 4630 € alors qu'on achète des produits alimentaires bas de gamme par faute d'argent ?

 

Et puis, qui pourrait se soucier de la mort d'un homme que personne ne connaît ? Enfin, si je peux dire. Pourtant, beaucoup d'entre vous l'ont déjà croisé. Il jouait de l'accordéon rue Sainte Catherine ou rue Porte Dijeaux à Bordeaux. Il a peut-être mis un peu de bonheur dans votre coeur, peut-être juste un peu de bonne humeur.

 

Aujourd'hui, il est parti et son accordéon pleure.

 

Il laisse aujourd'hui une femme et deux enfants mineurs. Et sa mère qui habitait avec lui à Bordeaux.

 

Et la mort de cet homme, un rom vivant dans un squat, intéressait ce matin les médias. Une radio en a déjà parlé. Les journaux feront certainement un petit encart demain. La télévision cherchait à avoir confirmation de ce décès.

 

Oui, je vous le confirme, il est mort. De froid ?

 

Non, de la misère et certainement de l'indifférence que nous avons pour ces hommes et ces femmes.

 

P.S. : Vous souhaitez soutenir financièrement la famille, contactez-moi sur : mouette.rieuse33@gmail.com

 

Un grand merci à Emmanuelle Ajon pour toute l'aide qu'elle m'a apportée dans le soutien à cette famille.

Merci aussi à Cécile, l'assistante de Michèle Delaunay pour son aide. Et bien entendu, aussi à Christophe Adam de Médecins du Monde.

Rédigé par Mouette Rieuse

Publié dans #Immigration

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T
Un homme est mort qui n'avait pour défense<br /> Que ses bras ouverts à la vie<br /> Un homme est mort qui n'avait d'autre route<br /> Que celle où l'on hait les fusils<br /> Un homme est mort qui continue la lutte<br /> Contre la mort contre l'oubli<br /> <br /> Car tout ce qu'il voulait<br /> Nous le voulions aussi<br /> Nous le voulons aujourd'hui<br /> Que le bonheur soit la lumière<br /> Au fond des yeux au fond du coeur<br /> Et la justice sur la terre<br /> <br /> Il y a des mots qui font vivre<br /> Et ce sont des mots innocents<br /> Le mot chaleur le mot confiance<br /> Amour justice et le mot liberté<br /> Le mot enfant et le mot gentillesse<br /> Et certains noms de fleurs et certains noms de fruits<br /> Le mot courage et le mot découvrir<br /> Et le mot frère et le mot camarade<br /> Et certains noms de pays de villages<br /> Et certains noms de femmes et d'amis.<br /> <br /> Ajoutons-y Péri !<br /> Péri est mort pour ce qui nous fait vivre.<br /> Tutoyons-le sa poitrine est trouée,<br /> Mais grâce à lui nous nous connaissons mieux.<br /> Tutoyons-nous, son espoir est vivant.<br /> <br /> (Paul Eluard)
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M
Un grand merci aussi à Florence Lamarque pour son aide précieuse et son enorme efficacité.
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A
Superbe texte, sensible et vrai, hélas.
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