Rentrée à l'école des maires

Publié le 2 Septembre 2009

Demain, c'est la rentrée des classes pour tous les enfants de France. Tous ou presque...

Les enfants rroms ne rentreront pas demain. Certains, ne rentreront peut-être même pas en 2009 ou 2010.

Dans la région bordelaise, à la date d'aujourd'hui, moins de dix enfants rroms sont inscrits dans les écoles de l'agglomération. Cela pour différentes raisons.

En ce qui me concerne avec mon association (Procom), j'ai souhaité inscrire les enfants à l'école uniquement après le retour de leur pays où ils étaient partis soit en vacances soit parce que les contrôles policiers à répétition ont fait partir les familles avec les enfants dès le mois d'avril ou mai.

Les autres raisons sont multiples mais d'une part la complexité des démarches administratives (domiciliation, remplir les formulaires d'inscription ou fonctionnement des institutions) font que les parents ont beaucoup de mal à effectuer ces démarches. Vient s'ajouter à cela le refus de certains maires de ne pas domicilier administrativement les familles, ce qui entraîne la non scolarisation des enfants, et parfois même le refus ferme de ne pas scolariser les enfants rroms dans une commune.

Je vous ai déjà parlé de Cenon, ville socialiste et de son maire PS, Alain David, qui refuse l'inscription des enfants dans les écoles de la république.

Interpellé par dix lettres recommandées avec accusé de réception (neuf par les rroms et une par l'association Procom), le maire a répondu par lettre recommandée avec accusé de réception où il nous dit qu'il donnera une réponse dans les deux mois. Si nous ne recevons pas de réponse, cela veut dire que celle-ci est négative. Nous avons alors deux mois pour saisir le tribunal administratif. Cependant, dans sa grande bonté, Alain David nous précise que nous pouvons le saisir d'un recours gracieux mais que celui-ci entraînera un délai de deux mois supplémentaires.

Autrement dit, dans le meilleurs des cas, si les rroms n'ont pas été expulsés avant de la commune, leurs enfants seront inscrits dans une école à partir du mois de janvier 2010.

En langage de mon quartier, cela s'appelle du foutage de gueule. Une de mes amies, poétesse à ses heures, dirait que c'est de "l'enculage de mouches"... Oui, monsieur le maire, c'est bien de cela qu'il s'agit.

Le maire socialiste de Cenon refuse la domiciliation administrative des rroms ainsi que leur scolarisation. Et ailleurs ?

A Pessac ou Floirac, deux autres villes socialistes de l'agglomération bordelaise, cela ne bouge pas beaucoup et on attend sagement que les rroms débarrassent le plancher.

A Bordeaux ou a Gradignan, villes gérées par l'UMP en alliance avec le Modem, les rroms se font domicilier en cinq minutes et les enfants sont inscrits dans les écoles sans aucun problème.

Hier matin, dans une de ces villes, une famille a obtenu en moins de vingt minutes une domiciliation administrative ainsi que la scolarisation de ses deux enfants (un en maternelle et l'autre en élémentaire).

Quelles conclusions en tirer ? Je n'en sais rien, si ce n'est que certains maires pensent que les écoles leur appartiennent (comme leur mandat d'ailleurs) et d'autres font leur travail d'élus dans le respect de la loi.

Demain donc, moins de dix enfants rroms feront leur rentrée. Et les autres ? Plusieurs dizaines d'entre eux continueront dans leur squat, en attendant que je vienne bousculer les institutions.

Comme l'année dernière, les prochaines semaines vont être difficiles à expliquer que les enfants, même rroms, ont des droits et qu'on ne peut pas les laisser dans cette situation. Alors, on me rétorquera, comme il y a quelques semaines, que la scolarité n'est pas obligatoire. Seule l'instruction l'est.

Sauf que cette année, à la différence de l'année dernière, je suis très énervé. Alors, des procédures au tribunal vont être engagées chaque fois qu'il y aura un refus. Avis au petits maires propriétaires de leurs écoles.

Bien entendu, je vous tiendrai au courant de l'évolution de la situation.

Rédigé par Mouette Rieuse

Publié dans #Coup de bec

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M
Et dire que dans les petits villages les maires se battent pour garder leurs écoles ouvertes faute d'enfants.<br /> Je suis choquée de l'attitude de ce maire qui refuse la scolarisation des enfants parce qu'ils sont pauvres, parce qu'ils sont roms, parce qu'ils sont étrangers.<br /> Notre république va mal, les valeurs gravées sur les façades des mairies n'ont plus aucun sens.<br /> Liberté, égalité, fraternité, revenez... les maires sont devenus fous.
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